Que la
vie soit groovy ou qu’elle fasse
profil bas ! Le bas profil de la vie n’est pas le pire qu’elle puisse
présenter, qu’on s’en contente ! Qu’il se contente, Binh-Dû, de se
réveiller, d’avoir un peu froid, un peu faim, un peu triste, qu’il y remédie
selon les moyens à disposition, qu’il regarde les nuages passer par sa fenêtre
ou qu’il aille faire un tour, qu’il travaille son lot, son lopin, qu’il gagne
son pain, qu’il conçoive quelques espoirs ressassés et improbables, qu’il
retourne se coucher, qu’il goûte sa fatigue ! Et demain sera un autre
jour.
Il ne
sait pas patiner. S’il savait, ce serait, pour sûr, groovy. Il a su éviter de passer à travers la glace, d’un hiver sur
l’autre, c’est déjà ça. La surface est peu épaisse et translucide, les moufles
posées à plat il cherche quelque chose qu’il aurait perdu au fond du lac et qui
attendrait dans un écrin de vase. Mais rien, ce n’est pas là, ou c’est autre
chose. C’est une faille magmatique qui bouillonne, un péril imminent. Binh-Dû
revenu sur ses pieds est trop isolé, trop loin, et bien incapable de courir. Glissera-t-il,
s’il s’en donne l’élan ?