L’amour
est-il aussi un bavardage ? L’amour des corps s’entend, celui qui plaque
la peau contre la peau, l’amour est-il parfois une gifle ? L’amour est
tout, c’est entendu, dites un mot, n’importe lequel et ce sera l’amour. L’amour
toujours. Couteau. Pain. Lustre. Faisceau. Vaisseau, vaisselle. Solitude.
Froidure. Et chaleur. Béton. Mémoire. Tout est amour, jusque dans la larme qui
coule sur la joue. Dans l’éclat du soleil qui se réverbère sur une fenêtre d’en
face, dans la faim. Binh-Dû hésite entre admiration et dévoration.
Il ne
sait plus où il en est. L’admiration reste en surface mais il arrive qu’elle
porte son fer dans la plaie. La dévoration est un cheval fou dont on n’ôtera
pas la robe. L’amour est un prétexte bardé de paroles prétendument belles – pour
qui se défie des mots. Une explication superflue. Un avant-goût prêt à galoper
nul ne sait où. C’est le contre-signe du manque, un marque-page terrifié, terrifiant
et consolateur. L’avenue monte du fleuve tel un jarret tremblant sous l’effort,
il faudrait ralentir sans crainte d’en mourir.