Nos campagnes sont des havres, n’importe la somme d’os et de métal
forgé enfouis dans le sol, par-dessus les arbres poussent. Même avant le
printemps les oiseaux chantent. Les routes ont elles aussi souillé la terre
mais c’était il y a longtemps, maintenant on les dit champêtres. Et pittoresque
paraît une ruine. En marchant droit, on finira par éprouver la rotondité du
monde, ne serait-ce qu’en se retournant dans l’idée de mesurer le chemin
parcouru – impossible, il a disparu. Je
te promets, fut-il dit autrefois, tu
reviens de loin.
Et le risque est minime qu’un lion surgisse au détour d’un bosquet, ou
même qu’un lapin ne nous prenne en chasse, dents en avant. Oh, nos émotions
sont si sophistiquées ! Les robes de soirée incitent à la promenade dans
la roseraie, un bras ferme pour conserver son équilibre malgré les talons et la
flûte. Un peu de mélancolie sous la clarté lunaire, et un désir désespéré.
Ensuite on reprendra le cours des villes, l’espoir d’autres latitudes. Et on se
plaindra, encore et encore. On finira par s’offrir des vacances dans un pays pauvre.