samedi 2 février 2019

2 février


                Il regarde en face la mer asséchée de sa honte, il ne cille pas sous le soleil. Comment est-il arrivé là, Binh-Dû l’ignore, mais mieux vaut tard que jamais, de plus en plus tard ce serait. Déjà il s’est remis en marche sur le sol craquelé. Sa peau est sèche, comme s’il n’y avait plus de sueur à gâcher. Le soleil est la meilleure boussole qui se puisse, pourvu qu’on s’accorde à sa fixité. Au loin, Binh-Dû aperçoit deux silhouettes disproportionnées, sans doute un mirage, qui vacillent dans la chaleur ambiante. Surtout conserver la tête claire.
                Derviche, garde-toi de l’étourdissement ! Dans la caboche, tout est bien calé. Accès privé, personne n’est autorisé à entrer, pas même les amies. Lui seul s’y retrouve, avec ses fétiches, ses meubles, ses habitudes, et même ses cachettes – on se demande bien à quoi elles servent. Binh-Dû parfois cherche quelque chose qu’il a soustrait un jour à sa propre attention, méfiant au point de ne pas se faire confiance à lui-même. Et il a oublié pourquoi. Quoi. Où. Il boirait volontiers un simple verre d’eau fraîche. Il peut toujours rêver.