jeudi 14 juin 2018
14 juin
Binh-Dû
lutte contre les moustiques, les mauvais rêves, la chaleur, des douleurs
imaginaires. Il ne comprend pas que des gens puissent faire vrombir des
machines dès le matin. Ils n’ont pas d’oreilles ? Il ne comprend pas
grand-chose de ce que la plupart des gens admettent comme normal, correct. Il aimerait pratiquer l’insolence mais
cela ne lui vient pas, ou alors sous forme de rage sourde. L’insolence tue
est-elle encore de l’insolence, la résistance passive est-elle un acte
convaincant ? Binh-Dû se tient sur le départ, dans un entre-deux instable.
Il se souvient d’attentes où il fut plus déterminé. Il se souvient d’autres fois où
tout ce qu’il apprenait était une redécouverte, et même il souriait à l’idée
qu’il allait l’oublier une fois de plus. L’amour non vécu est-il encore de
l’amour ? L’amour non vécu est quelque chose qui passe, telle une saison
maudite, à la fin l’on pleure des larmes amères (selon l’expression). Mais
personne n’entend. Si Binh-Dû savait se faire entendre, alors il n’aurait pas
besoin de dire avec tant de détours. Demain il bouclera son sac, et ce sera comme
une protestation induite.