Un, le parfum du jasmin. Qui atténue la canicule à venir. Deux, le goût
du pain. Nous sommes sauvés. Trois, une douche en douce.
Dans les montagnes il fait seulement chaud. Alors qu’en plaine on
meurt.
La forêt escarpée incite à renoncer mais la vieillesse ne sera jamais
d’actualité. Quand il était petit, Binh-Dû se persuadait qu’il ne mourrait
jamais, quand il sera très âgé il découvrira qu’il avait eu raison. Il se
trompait juste quant à la forme que prendrait son immortalité.
Pas âme qui vive au refuge de la cascade, mais une paire de tongs sur
le seuil, des habits à sécher sur une corde tendue.
Peut-être vaudrait-il mieux mourir en compagnie que survivre seul.
Délivrer un ultime regard encourageant, dans des yeux apeurés, voilà qui serait sympathique. Beaucoup plus bas, là où la cascade s'est horizontalisée et ne laisse plus entendre qu'un murmure, Binh-Dû se couche près d'un bâtiment à ciel ouvert qui hébergera des poneys.