Ah oui, ils se lèvent tard. En plus ils vont au cinéma. Une vieille
dame robinsonne sur la plage d’une station balnéaire l’hiver, et ne s’en trouve
pas plus mal, dès lors qu’un chien lui renvoie son regard et qu’elle parvient à
ordonner le peu de souvenirs qui lui restent. Dans la rue, un couple d’amis
surgit, leur offre des cerises. La main de la femme, gardée tendue, tenant la
barquette, paraît à Binh-Dû d’une générosité inouïe. Au supermarché, des
courses sont effectuées sans rien voler, saumon, avocats. Les avocats se
révèlent pourris mais la salade de la veille est fraîche encore. Les mots dépixellisés
libèrent des ellipses.
Ils sont en retard. Ils
rejoignent les autres à un mini-concert. Puis ils se séparent, Binh-Dû et son
amie. Il y a de gros morceaux de bœuf sur le barbec'. Une assiette pour lui
puisqu’il est là, ça se passe comme ça. De nouveaux prénoms, aussi des
courgettes du jardin. Binh-Dû fait une dernière blague, il part à la cantonade.
Depuis le pont routier on les distingue encore, la grande table au bord du
fleuve. C’est l’heure des éphémères. Plus nombreux sur la route qu’il n’y a d’êtres humains sur la planète. Hécatombe sur le pare-brise,
Binh-Dû s’arrête, pisse sur le parterre d’un monument à la guerre. Les étoiles veillent.