Cette jeune acrobate, on en tomberait instantanément amoureux, non
seulement parce qu’elle est acrobate mais pour ce moment où elle se tient immobile sur le devant de la
scène et laisse monter les émotions sur son visage. Ce moment où toute une
palette d’intimité se dessine et s’expose, confraternellement.
Ce n’est pourtant pas trop l’humeur de Binh-Dû – la confraternité. Mais
il se souvient de l'amie du 31 mai suggérant qu’un bavardage misanthrope
dissimulerait de la bonté. Question de pudeur et de priorités. L’acrobate si aimable
dont il pourrait être le père, il lui semble qu’il pourrait ainsi qu'un fils désirer
se l’accaparer.
Comme une impulsion très naturelle, le tabou consisterait à aimer sur
un pied d’égalité. Ni père ni fils, et en vertu, oui, d’une conception tendancieuse
de l’amitié. Elle lui sourit, lui dit merci. Binh-Dû, tel un petit frère
rangé des voitures et des footballeurs, lui achète un poster qu’il punaisera
sur une porte de placard.