Quand tu marches tu n’attends pas, tournerais-tu en cercle. Cela peut
durer toute une journée sous le soleil, à s’en cramer le crâne, tu n’attendras
pas. Ou tu seras en train d’attendre,
ce qui n’est pas attendre. Allons plus loin : cesse de marcher, reste
dehors. Le souffle de vent sur ta joue, comme par l’effet de ton propre
déplacement, te démontre que tu n’attends pas. Et s’il n’y a pas de vent, il y
aura autre chose, un papillon, un son, l’hypothétique imminence d’un désir.
Même tu t’endormirais, ce ne serait plus attente. Ne parlons pas de mourir.
Du temps où tu portais les
cheveux longs tu aurais pu voir le monde d’un peu plus haut mais tu marchais
voûté. Ce n’était pas désagréable, tu ne ressentais aucune douleur. Tu voyais
en coin ce que la plupart des gens ne soupçonnaient pas, leur position relative
dans l’espace. Leur arrivisme. Toi tu ne te souciais guère d’arriver quelque
part, hormis au creux d’un sexe mythifié. L’amour était un pari amoureux.
Depuis tu as réaligné ta cambrure, selon des principes ergonomiques. On
pourrait te juger guindé. Mais toi tu sais qu’il n’est plus temps – d’attendre.