Un, c’est le paradis. Une succession de vallées d’altitude entourées de
pentes plus ou moins sévères au-delà desquelles le ciel... Le paradis est sous
le ciel. Deux, un papillon noir dont les ailes repliées, moirées de bleu, sont
en forme de delta. Il n’a rien de spectaculaire. Posé sur le dos de la main découverte,
il en suce le sel. Trois, une prairie semée de boutons d’or, de violettes, de
gentianes et de myosotis, et d’autres fleurs encore dont le nom importe
peu. La niverolle volette au-dessus de l’embarras du choix. L’air est doux. Comme
ces montagnes sont bienveillantes... Quand un dantesque coup de tonnerre
ébranle l’atmosphère.
Le mantra adéquat, à chaque pas, reste « merci », même la
pluie s’abat en grêlons afin de ne pas tremper l’homme qui marche. Merci pour
les intempéries qui reconnaissent au lieu sa force païenne. Merci pour les
égarements qui aboutissent ici, et pour la permanence des bouquetins, des
marmottes et des craves à bec rouge qui passent l’hiver sans la gêne d’une
présence humaine. Merci tout autant pour les pieds de l’homme, ses jambes, son
cœur, le ressourcement. L’expérience recouvrée de la volonté, dissimulée des
mois durant sous les inquiétudes et les velléités. Merci quand, par l’effort
consenti – les bienfaits dispensés.