On a beau
dormir sur un matelas à mémoire de forme, on ne s’en souvient pas mieux de ses
rêves. Binh-Dû s’en va au lac avec cinq amis dont quatre qu’il ne connaît pas.
Trois garçons et trois filles, zéro couple, c’est facile. Au lac on se baigne
et on crache des noyaux de cerise le plus loin possible. Binh-Dû juge l’eau
trop jaune, le soleil pas assez chaud, et son nouveau ventre disgracieux, alors c’est tout juste s’il retire
ses chaussures. L’une des filles reste sur la berge elle aussi, sans que
personne n’y cherche motif. Elle se tait quand les autres parlent, de choses et
d’autres. Sauf à un moment vers la fin ; Binh-Dû essaie de tendre
l’oreille mais il est lui-même en pleine conversation avec l’un des garçons. Au
garçon, Binh-Dû déclare : « L’attention sincère que tu portes aux
autres, elle se voit, c’est de la pacification préventive ». Quoique cela
témoigne, il y a des éclats de rire qui se perdent. Le soir, Binh-Dû et son
amie se souviennent qu’il leur reste du travail à accomplir, c’est même la
raison de sa venue ici. La bougie colle son fond de mèche à la table. C’était
comme un dimanche à la campagne. Il est quatre heures du matin.