mercredi 13 juin 2018
13 juin
Le loup de
compagnie a le ventre ouvert, il se meurt. Couché auprès de son maître
maléfique, lequel devrait payer pour les crimes perpétrés et ceux occasionnés
en retour. Binh-Dû s’approche, l’arme à la main. La rage au cœur. Tu ne pourras
le tuer de la sorte, dit une voix. Binh-Dû avance encore, ouvre les bras et
commence à se dissoudre en un sourire d’indulgence absolue ; son maître se
dissout à sa suite mais en grimaçant, se tordant de souffrance. Ne reste plus
qu’un amas de fourrure et de viscères dans le caniveau, le réverbère éclaire
mal. Pour la cinq-cent-soixante-quinzième fois Binh-Dû traverse la cité dont
les barres d’immeubles prédisposent à l’effacement. Un enfant sur son skate lui
dit bonjour, puis une grosse dame assise sur un banc, aux deux il répond d’un
sourire. Il ressemble un peu au jeune homme échevelé floqué sur son tee-shirt, aux airs de Méduse. Parfois on ne sait plus si l’illusion recouvre
un monde (totalitaire) cartographié par des drones-lézards, ou un autre monde
totalitaire en voie de contamination post-organique, ou le monde totalitaire où
l’on marche et l’on rêve.