dimanche 25 novembre 2018

25 novembre


Binh-Dû nettoie une quatrième éponge, étonné qu’il y en ait autant. Sans compter celle dont il se sert pour nettoyer les éponges.  Au moins n’a-t-il pas à leur faire de la place sur l’égouttoir, un coup de pression et hop, directement sur le plan de travail. À charge pour le propriétaire des lieux de repérer laquelle sert à quoi, la rouge déguenillée, les deux vertes dont l’une est bizarrement découpée, la bleue impeccable et celle trouvée dans l’évier parmi la vaisselle sale, mais était-ce la bonne, était-ce l’éponge à vaisselle ? Jusqu’où intervenir dans les habitudes des autres ?
Aurait-il dû laver le savon ? Il n’y a plus aucune feuille sur le cerisier. L’an passé elles étaient restées plus longtemps et le temps avait été plus froid. En avançant en âge Binh-Dû relâche ses principes hygiénistes, oiseaux en cage qui dressent le dresseur. Il ne se satisfait pas de rognures de thé en sachet mais il n’a pas besoin de thé, et surtout pas à heure fixe. Il n’a pas vraiment d’heure fixe. Il n’a pas besoin de ce qui lui manque. Et il pourrait se dispenser de faire une partie de mahjong solitaire qui lui ponctionne plus d’énergie qu’un battement d’ailes de canard sur le lac.