Il arrive qu’il faille lever le doigt pour répondre. Ou plutôt qu’il
faille répondre en levant le doigt ? Ou est-ce histoire ancienne ? Le
secret pour garder une haie bien taillée est de la tailler souvent. Binh-Dû
devrait faire pareil avec ses cheveux. Avant qu’ils ne lui tombent sur les
yeux. Le sommeil est une protection, la première vision à la levée des
paupières est le disque aveuglant du soleil.
Branle-bas, le regard se
carapate au fond du terrier, où la lumière n’entre pas et l’air est confiné.
Binh-Dû se verrait voyant d’alerte, à un autre niveau que l’ordinaire de
l’humanité, résiduellement humain, maladroitement animal, peureusement végétal,
quasiment pierre et sur cette pierre suinterait la rosée du tombeau. Il se sent
adverbial. Marmoréen il se tient droit sur sa chaise.
Il faudra plus qu’un discret
signe de l’auriculaire à l’attention d’un cercle d’yeux baissés pour qu’il ose
exprimer sa démangeaison. Davantage qu’une lévitation pour qu’il se décide à
croire. Il doit agrandir la photo pour y reconnaître qui de droit, la justice
immanente se fait attendre même au sein d’un aréopage sorcier. « Ai-je ma
place parmi vous ? », telle est la question tenaillant le cœur du
silence.