Comme un remuement de poussière interrompu. Elle retombe jusqu’à
l’impulsion suivante, pendant ce temps le vent arrache de leurs branches la
moitié des feuilles jaunes et rouges qui se laissaient vivre avec indolence, au
jour le jour, encore un peu de sève pour ne rien attendre mais profiter du
ciel, des oiseaux, même des humains qui passent en-dessous, encore un peu de
longueur aux souvenirs d’été. Et l’on s’imaginerait ne pas devoir perdre une
seule minute qui vaille, malgré l’ouverture de l’ellipse, et l’on apprendrait
enfin la confiance.
Les deux hommes assis à trois rangées de distance dans la salle de
cinéma ont adopté sans se concerter la même posture en S, observe Binh-Dû. Les
sièges prédisposent, et sans doute une tendance masculine à l’avachissement. Leurs
compagnes ont la tête qui dépasse. Ce qui n’est plus le cas dans le bar où,
sans se connaître, tous les couples se retrouvent. Les avis sont partagés, mais
là où flottait naguère la fumée des cigarettes quelque chose d’induit se
dégage, qu’on aurait tort de prendre pour de la solidarité. Juste un air du
temps, prudent.