lundi 19 novembre 2018

19 novembre


Au sein de l’alcôve ça ne capte pas. Rien ne passe, hors le temps. Le téléphone n’est plus qu’une radio cherchant en vain des stations FM. Mais Binh-Dû se doute que les messages s’accumulent, l’inquiétude causée sera impardonnée. Faudrait-il fuir sur un autre continent, en compagnie de cette femme qu’il n’aime ni ne désire ? Elle sourit sans joie. À l’intérieur de chacun de ses bras, sur la peau tendre est tatouée une estampille, telle une marque au fer attestant du propriétaire. Le notaire parle en anciens francs, sans doute pour se donner du cachet ou gonfler la note, il y en a pour des millions. Ce qui ne signifie pas grand-chose. De toute façon, la question ne se pose plus de vendre ou non, mais de tolérer la perte, nous vivons sur des mythes depuis que nous avons perdu la foi. La femme aux bras tatoués sort de son sac une lettre qu’elle a reçue, stipulant que son logement de fonction a été réattribué, elle ne sait pas ce qu’elle va faire. Elle l’envie, lui, Binh-Dû ?! Mais cela ne pourra pas durer éternellement, les cœurs s’usent à courir sans nulle chance de gagner ; en fin de compte le téléphone grésille une présence stellaire.