Au sein de
l’alcôve ça ne capte pas. Rien ne passe, hors le temps. Le téléphone n’est plus
qu’une radio cherchant en vain des stations FM. Mais Binh-Dû se doute que les
messages s’accumulent, l’inquiétude causée sera impardonnée. Faudrait-il fuir
sur un autre continent, en compagnie de cette femme qu’il n’aime ni ne désire ?
Elle sourit sans joie. À l’intérieur de chacun de ses bras, sur la peau tendre
est tatouée une estampille, telle une marque au fer attestant du propriétaire. Le
notaire parle en anciens francs, sans doute pour se donner du cachet ou gonfler
la note, il y en a pour des millions. Ce qui ne signifie pas grand-chose. De
toute façon, la question ne se pose plus de vendre ou non, mais de tolérer la
perte, nous vivons sur des mythes depuis que nous avons perdu la foi. La femme
aux bras tatoués sort de son sac une lettre qu’elle a reçue, stipulant que son
logement de fonction a été réattribué, elle ne sait pas ce qu’elle va faire.
Elle l’envie, lui, Binh-Dû ?! Mais cela ne pourra pas durer éternellement, les
cœurs s’usent à courir sans nulle chance de gagner ; en fin de compte le
téléphone grésille une présence stellaire.