Quand il
était à l’âge des examens de passage, Binh-Dû rêvait de remplacer la complexité
des apprentissages par une performance aussi simple que de courir plus vite. Il
y aurait une ligne d’arrivée à portée de vue, un signal de départ, un
chronomètre, et en une poignée de secondes ce serait réglé. Adversaires en
option, "plus vite" suffirait. Il était rapide. Dans ses rêves il
ne touchait pas le sol. L’une des danseuses est si légère qu’on voit toujours
l’air sous ses pieds, elle n’est même plus une danseuse mais la danse en soi.
Binh-Dû ne comprenait pas qui il était. Il constatait l’intelligence dans sa
contemplation, sa retenue, sa mélancolie, son désespoir. Tout autant que la
bêtise abyssale qui se révélait dès qu’il ouvrait la bouche. Alors il se
taisait, conscient que c’était la meilleure manière de tromper son monde. L’un
des danseurs vient l’inclure dans le groupe, comme s’ils faisaient œuvre
commune – les joyeux et le regardeur. Les nuits, Binh-Dû retourne souvent à
l’époque des examens, il est en retard, il a oublié. D’autres fois il mène des
discussions pétillantes avec de parfaits interlocuteurs. La complexité n’est
plus un ennui mais une jouissance élevée. Il s’éveille. Il a encore de
l’espoir.