Et l’averse enserre dans l’allée. Un porche ouvert accueille deux pieds
mouillés, une tête d’où perle le surplus de pluie (ce qui ne fertilisera pas sous
la peau l’humus-cervelle). Binh-Dû éternue une goutte au bout de son nez. Il
reste sur le seuil, derrière lui le passage s’ouvre sur une cage d’escalier et
une cour fermée, l’odeur de bois humide et de salpêtre invite à l’aventure –
mais il ne recherche pas l’aventure. Un ours pourrait sommeiller au fond de
l’antre. À l’extérieur, un figuier aux feuilles tardivement caduques frémit
d’un millier de souvenirs. Et cela n’en finit pas de tomber.
Des créatures bombées passent, on les distingue à la couleur de leur
parapluie. Très peu de ceux-ci sont colorés. Les voitures n’en finissent pas de
rouler dans l’avenue voisine, ni les autobus, et dans les immeubles aux
alentours les perceuses de percer. On ne s’entend plus pleuvoir ! déplore
Binh-Dû, les joues ruisselantes. Comment s’étonner que les oiseaux aient
déserté ? Il se tient sur la demi-marche du seuil perché, il évalue l’épaisseur
du rideau liquide, penche son visage pour évaluer la course des nuages.
Impossible, sinon, à l’oreille de savoir sur quel pied danser.