La plupart de nos entreprises relèvent d’une pulsion de diversion.
Pourquoi, sinon, faire tout ce que nous faisons ? Pourquoi ces maisons,
ces voitures, ces passions, pourquoi ces avions ? Pourquoi ces grands magasins ?
Pourquoi ces livres qui prennent une vie à écrire, qui se lisent à l’occasion
d’une insomnie ou d’un désœuvrement ? Pourquoi les guerres – mais là,
Binh-Dû est conscient de céder à la facilité – pourquoi la conquête amoureuse –
il aborde à présent les rives de la mauvaise foi. Par les rues les gens
s’agitent.
Dans son réduit la vendeuse se réjouit de la température extérieure,
comme si crever réchauffés était un meilleur sort. « On croirait une
journée de printemps ! » s’exclame-t-elle, et Binh-Dû qui vient du
dehors acquiesce en souriant. Il empoche l’agenda de l’année prochaine, sans
doute cela prédispose-t-il à concéder un peu d’optimisme. La plupart d’entre
nous semblent prisonniers d’une destinée indolente, jeter la pierre est
contre-nature. Pendant ce temps, ceux qui dansent ne se privent pas de
renverser les pôles.