lundi 26 novembre 2018

26 novembre


Sa bonne amie et lui sont couchés dans des lits jumeaux plaqués l’un contre l’autre, elle dort, il pose la main comme par hasard sur son bras à elle, qui se rapproche, elle se rapproche à l’embrasser, elle l’embrasse. Elle le frappe, le repousse, « Ne refais jamais ça ! » Ou elle le frappe d’abord, « Ne refais jamais ça ! » avant de l’embrasser ? Ou c’est lui qui la frappe, juste un peu plus qu’une caresse, parce qu’elle lui a brisé une demi-douzaine de dents ? À moins qu’il ne craigne qu’elle le morde au terme de leur baiser ? L’absence est une violence.
Binh-Dû n’a pas le goût du sang. En plus ce n’était pas elle mais une autre, blonde ou brune c’est égal ? L’amoureuse qu’il aimait a disparu, à croire qu’elle ne l’aimait pas vraiment. Elle subsiste au-delà du cercle de pluie, espère-t-il, dans une liberté où il serait indésirable, et dans l’enclos de mots refermés. Il lui revient, à lui, de se taire. De ne plus exercer nulle puissance, seulement une secrète bienveillance. De ne pas même chercher à comprendre. De ne pas se défendre. De ne pas se permettre. Il lui revient de disparaître en miroir inversé.