Le contexte, Binh-Dû s’en fiche un peu. Certes, il y a une
localisation possible, une architecture, des protagonistes, de simples
témoins. Il y a une heure de la journée, un avant, un après. Il y a des tenants
émotionnels et des aboutissants, à multiplier par un facteur x, et des
intrications qui infléchissent les représentations géométriques. Mais à quoi
bon ? Ce qui de tout cela ressort, ce qui importe, c’est la tendresse et la
violence.
Des concepts, l'un et l'autre. Appliqués à plusieurs niveaux de réalité. Le boulevard
Arago mène aux catacombes en passant par la prison de la Santé, la pente
accélère le cœur des cyclistes. Les murs suintent l’abandon de
tout espoir – autre concept fort maniable. Le dimanche passent aussi des
poussettes. Les regrets brillent comme de l’argent empilé à la
banque, un souvenir de bande dessinée où Picsou nageait sur une mer de pièces
et de billets.
La porte de Binh-Dû donne vers l’extérieur sur une travée à ciel
ouvert munie d’une rambarde. On aurait vite fait de basculer dans la cour, un
étage plus bas. Il suffirait d’y être poussé, à coups de poings redoublés. À
bout de manque, d’exaspération, de dégoût, tel un collier
d’excuses auquel se pendre. Un jour cela ira mieux, en attendant, l’envie de
tendresse est insatiable, reliée à une aspiration de violence infinie. Respire, souffle l’amie.