Binh-Dû
aimerait rire définitivement. Non pas à en mourir, ce qui serait le comble du
rire désespéré. Non pas pour vivre éternellement, ce qui serait dément. Mais
comme une nouvelle habitude, comme un serment de mariage, comme une résolution mathématique.
Comme on fait son lit on se couche. Comme on ouvre sa fenêtre à la mouche.
Comme on orthosympathise avec son système. Comme on quitte le sol une
demi-seconde, puis une demi-seconde encore, puis une autre demi-seconde. Comme
on suspend la tragédie sur un fil avec une pince à linge.
Mais une
chose est de poétiser ce qui nous cultive, une autre de poétiser ce qu’on fait.
Une autre encore de sympathiser, dans l’action, dans la sensation ou dans le
sentiment. Binh-Dû parfois s’étire ainsi que se cabre un cheval rendu fou par
le mors fiché dans ses gencives. Les morts aussi semblent rire, de toutes les
dents qu’il leur reste. Une loi peu utile veut que se dessine à la longue ce
pour quoi nous serions faits ; et nos engouements successifs, si passionnés
furent-ils, si enclins eux-mêmes à une définition, ne seront plus que mues
sèches et friables.