Non, sérieusement,
même pas en rêve ! Youhou, c’est l’heure des résolutions pleines
d’espérance ! On y croit, on n’a que ça... Mais oui, efface cette triste
mine de ton visage, viens danser, viens boire, viens m’embrasser !
D’accord, mais attention, aïe, ici ça me fait mal... Allez, bouge-toi, c’est la
fête, youhou ! Attends, je voulais te dire, j’ai eu des nouvelles de la
fille, tu sais, qui regardait dans le vague, assise sur un canapé, dans sa main
un verre en plastique à moitié rempli de bière menaçant de se renverser... Je
ne t’entends pas, youhou, yeah !
Ne m’ôtez pas la douleur du désir,
psalmodie un homme en robe de chambre derrière la porte vitrée, sa bouche forme
de petits nuages de buée. Binh-Dû, qui s’est couché tôt au regard de ses
habitudes, médite là-dessus, est-ce que le désir est une attente ? Ou
n’est-ce pas plutôt une suspension ? La notion de suspension lui paraît
plus proche du plaisir, d’ailleurs le fou ne fume pas malgré le cendrier sur
pied disposé à cet effet. Le désir est une promesse, décide finalement Binh-Dû,
et il retourne regarder la télévision, au cas où il reconnaîtrait quelqu’un.