Un crime va se
perpétrer, est-ce en prévision que se hâte l’ambulance ? Mais non,
personne ne se hâte, le gyrophare tourne paresseusement devant le bâtiment, et
les badauds rassemblés paraissent peu concernés. D’ailleurs tout le monde ici
semble sortir du lit, bonjour, il y a du café ? Des toasts, de la
confiture ? Les ambulanciers eux-mêmes ne veulent pas de Binh-Dû, bien que
son sang soit devenu bleu. Il y a un bain chaud qui t’attend à l’étage, bourdonne
une abeille à son oreille. Et une jeune femme à demi-endormie, comprend-il à
demi-mot.
Ce que l’âme
pénétrante veut, nous pourrions le découvrir. Si nous n’étions pas si
intelligents, à nous cingler la face sous le feu de la grêle. Les premières
jonquilles émergent des talus boueux, en faisceaux pointés d’un jaune encore
ferlé. Aux branches des arbres pendent des gouttes miroitantes dans le soleil,
qu’on croirait de glace. Le tremblement n’excuse rien, la fermeté n’impose
qu’un présent lumineux. Binh-Dû cherche et ne cherche pas son diapason, il
faudrait que quelqu’un s’en saisisse et en délivre, comme dans un conte, la
vibration.