vendredi 11 janvier 2019

11 janvier


Il est encore dans la forêt – le temps qu’il y passe, c’est fou ! En même temps, il survole. Les loups en-dessous de lui lèvent leur tête grimaçante, ce ne sont même pas des chiens. Ils sont les évadés de la matrice. Lui se tâte, l’avantage quand on plane c’est qu’on peut aussi atteindre des parties de soi qui sont oblitérées le reste du temps par des points de contact. En un sens, planer c’est être plus que nu. Et davantage bébé qu’un bébé. De là-haut il voit des choses qui ne se soupçonnent qu’à peine ici-bas. Son point de vue unique mériterait un peu plus de confiance de sa part, et de la gratitude aussi. Au lieu de ces grimaces. Quand il était en ville, il allait se planter face aux caméras de surveillance – trafic, incivilités, circuits de consommation – pour narguer les opérateurs fantômes. À l’occasion il trifouillait dans les fils et provoquait des disjonctions. Puisque le silence était soumis par la rumeur incessante des moteurs, il parlait de fantôme à fantôme en ouvrant exagérément la bouche, muettement. Il proférait des sons imaginaires, sans queue ni tête, ah il s’amusait bien. Non, il ne s’amusait pas du tout. Il résistait comme il pouvait. Comme on s’évertue à coincer les pales des géants, là, juste à la faiblesse de l’armure. Plutôt s’élever plus haut et se moucher dans un nuage.