Ils entrent en
ribambelle par la fenêtre, une flopée d’enfants. Des bébés, des marmots, sur
les genoux ou sur deux pieds, accompagnés chacun d’un parent qui s’excuse, on ne fait que passer ! Ils
traversent la pièce à vivre, ils vont
dans la salle de bains, ça n’en finit pas, comme dans le gag éculé de la
voiture où prennent place une noria de passagers. Cela cesse tout de même, le
dernier bambin se relève sur le parquet devant la fenêtre et court
maladroitement rattraper l’avant-dernier. Binh-Dû jette un œil à leur suite.
Personne ; la lucarne au-dessus de la baignoire est ouverte.
Tu es trop manichéen, lui a-t-on
reproché, alors il fait des efforts en sens inverse. Le bien, le mal, après
tout, ce sont des notions surfaites. Non ? Quelque chose le chiffonne, à
se retenir de juger il finit par trouver que ses mains véhiculent une insistante odeur de savon. Et puis il a toujours de ces envies de démolir untel ou
unetelle qui, franchement, le mériteraient bien. Un jour soudain se produira peut-être
une sorte de miracle, au début il pensera être en train de mourir, sa chair
corrompue sur l’os, puis il découvrira qu’ainsi les agrafes oubliées sont plus
faciles à ôter.