Des gâteaux
écrasés au fond d’un sac, on verra ce qu’on en fait. Pas grand-chose, ou alors
d’une façon un peu dégueulasse. Il y a de l’excitation dans la salle de bains,
une grosse faim. Il y a du bâillement concomitant, à s’en péter les vaisseaux
du cerveau, prière de ne pas mal interpréter. Binh-Dû a du souci avec les
interprétations, en ce moment par exemple il pleure et pourtant il n’est pas
triste, c’est juste physiologique. Il a froid. Il aspire à davantage de
simplicité, comme quand il était enfant et qu’il mangeait avec ses doigts,
suçant le jus du poulet.
(Cent-dix-sept
jours font moins d’un quadrimestre, moins d’une saison s’il n’y en avait que
trois dans l’année. Plus le temps passe maintenant et moins leur accumulation
forme problème, au contraire c’est joyeux, Binh-Dû reprend le fil d’une
conversation interrompue alors que l’hiver était loin encore, il aime toujours
autant entendre la voix et les mots de celle qui était partie, et comme si
c’était hier ou presque les voici qui se parlent infiniment tandis que la nuit
s’écoule, nouvelle. Ils ne tarderont plus à se revoir, c’est un espoir, et le
printemps suivra.)