dimanche 6 janvier 2019

6 janvier


                Un chien jaillit du bois, Binh-Dû l’accueille avec joie. C’est le plus intelligent des chiens, cela se voit à sa façon de lever la tête. Il serait même capable de jouer au volley-ball. Pendant ce temps, des messieurs dans leur club anglais sacrifient au rituel consistant à trinquer au son d’onomatopées guerrières, pan, boum, aïe. Plus débile, on a du mal à trouver. Sur les lattes du store électrique, deux escargots anémiés se sont installés pour mourir. Il fait trop jour pour descendre et pas assez pour s’exposer aux regards, l’entre-deux se cherche.
                On est ce qu’on accepte d’être, affirme celui qui n’a pas encore trouvé comment vivre. Et on ne comprend rien à ce qu’il suggère, espoir ou fatalité ? Qu’ai-je donc accepté d’être, se demande Binh-Dû, mais aussi : que pourrais-je accepter ? Qu’ai-je refusé d’être jusqu’à présent ? Qu’ai-je cru refuser alors que je l’acceptais, et que refusé-je à mon insu ? Il se gratte le cuir chevelu comme s’il portait une longue perruque mêlée de plumes violettes et que tous ses pores suintaient l’héroïne. Pour sûr, il se prend pour quelqu’un d’autre.