mardi 8 janvier 2019

8 janvier


                Binh-Dû sent son psoas à la ramasse. Est-ce une raison pour tomber plus bas ? Bien sûr que non. Les gens disent n’importe quoi, assène l’un d’eux, il est difficile de lui donner tort. D’autres évitent cette sorte de considération, ils font mieux. Ils construisent une œuvre. Ils se taisent. Ils choisissent avec attention leurs évidences. Ils se rendent aimables. Ils aiment.
                Au bal, les chaises ne sont pas pour les chiens. On y va s’asseoir et se masser les reins. On y va se pencher vers celle qui se penche aussi, de l’autre côté de la petite table ronde de jardin. On y converse plaisamment, en fond sonore se débitent des histoires dramatiques qui trémulent et accordéonisent depuis un siècle ou davantage. C’est joli.
                Les pigeons cherchent des miettes, les chats les laissent tranquilles. Ou sont-ils fatigués de toute cette agitation ? L’un d’entre eux – un pigeon – gratte le sol de sa patte fantôme. Ses griffes sont encore accrochées à la grille d’un arbre, non loin de là. S’il avait voulu, Binh-Dû aurait pu dégager à la souffleuse les allées d’un parc municipal où tournent en vain les exilés.