Binh-Dû sent son
psoas à la ramasse. Est-ce une raison pour tomber plus bas ? Bien sûr que
non. Les gens disent n’importe quoi,
assène l’un d’eux, il est difficile de lui donner tort. D’autres évitent cette
sorte de considération, ils font mieux. Ils construisent une œuvre. Ils se
taisent. Ils choisissent avec attention leurs évidences. Ils se rendent
aimables. Ils aiment.
Au bal, les
chaises ne sont pas pour les chiens. On y va s’asseoir et se masser les reins.
On y va se pencher vers celle qui se penche aussi, de l’autre côté de la petite
table ronde de jardin. On y converse plaisamment, en fond sonore se débitent
des histoires dramatiques qui trémulent et accordéonisent depuis un siècle ou
davantage. C’est joli.
Les pigeons
cherchent des miettes, les chats les laissent tranquilles. Ou sont-ils fatigués
de toute cette agitation ? L’un d’entre eux – un pigeon – gratte le sol de
sa patte fantôme. Ses griffes sont encore accrochées à la grille d’un arbre,
non loin de là. S’il avait voulu, Binh-Dû aurait pu dégager à la souffleuse les
allées d’un parc municipal où tournent en vain les exilés.