La porte de la
maison du petit cochon sort de ses gonds sous le coup d’une bourrasque
nocturne. Que se passe-t-il ? couine-t-il stupidement en bondissant sur
ses sabots. Comme s’il y avait des loups en maraude par ce temps. Comme si
quelqu’un allait répondre. Comme si quelqu’un s’intéressait à lui, ne serait-ce
qu’un assassin. Le petit cochon est fait de massepain, il se recouche en
frissonnant après avoir tant bien que mal bloqué l’entrée. S’il disposait d’un
piano ce serait plus facile. Demain il tentera d’amadouer un fiancé jaloux. Mais sa mémoire est
trouée, il ne se souvient pas de la dernière fois où il a vu son père. Ce
qu’ils se sont dit ? Aucun pressentiment. À l’époque il prenait beaucoup
d’antibiotiques (le fils), ça lui rosissait la peau mais n’explique pas tout.
Il se sentait du mou dans le crâne. Quand il sera devenu sage comme son père l’était,
il se fichera bien de l’avenir. Il y a plein de bas morceaux qu’il ne
regrettera pas, des moments passés à faire ceci ou cela. En revanche, peut-on
avoir trop joui dans une vie ? Non, et cela constituera motif à
réincarnation.