Une petite
dose, rien qu’une ! Allez, qu’est-ce que cela vous coûte ? Aujourd’hui
c’est particulier, je n’ai pas eu de chance, mais demain tout rentrera dans
l’ordre. Il faut savoir faire des exceptions, vous ne croyez pas ? S’adapter, moi je ne fais que ça, c’est
la première condition de l’évolution des espèces. Et puis je sais mieux que
personne ce dont j’ai besoin, non ? Je suis un adulte responsable. Je ne
fais plus de cauchemars d’enfant. Je n’ai plus de ces peurs effrayantes, je
souris, regardez comme je souris ! Des fois qu’on
cesserait de m’aimer. C’est possible, ça se produit parfois. Ça m’est déjà
arrivé. La perspective de mourir comme un chien, seul, ne pas réussir à
atteindre le téléphone, ouvrir la bouche sans qu’aucun son n’en sorte, et l’air
n’entrerait pas davantage. Jusqu’à présent je gère. C’est pour cela que
j’aurais besoin d’une petite dose, je suis un peu désaccordé aujourd’hui. Un
poids dans les nerfs, je ne sais pas ce que c’est. Comme une horloge qui se
détraque, je n’ai plus que quelques décennies à vivre dans le
meilleur des cas. Si je ne trouve pas à me détendre je vais claquer, c’est sûr.
Ou quelqu’un viendra frapper à ma porte, un inconnu insistant, je finirai par
ouvrir à la volée, ma clef à molette dans la main et je jure, s’il ne me laisse
pas tranquille, s’il ne s’en retourne pas tout de suite d’où il vient, je lui
exploserai la gueule. Rien que d’y penser je suis épuisé. Cette violence, ce
n’est pas moi, vous savez. Allez, je vous en supplie, donnez-moi de quoi.