À la mort de son père, le fils apprit l’existence d’un fils de
substitution auquel revenait la majeure partie du legs. Tous deux allèrent discuter
de leurs pertes respectives dans le café dont le fils était propriétaire,
lequel se trouvait comme par un fait exprès à deux pas du bureau notarial. Ils
se découvrirent mutuellement de grandes affinités. Le fils était heureux de
savoir que son père n’avait pas terminé sa vie dans la solitude et l’amertume,
le fils de substitution proposa de restituer une part de l’argent reçu, ce que
l’autre refusa. Quant à Binh-Dû, il buvait une limonade au comptoir.
Son amie juge ignoble la sculpture en céramique noire dont Binh-Dû ne
se lasse pas de faire le tour. Il en apprécie les creux caverneux, la brillance
d’un noir qu’on imaginerait suintant sous l’éclairage, elle trouve que c’est
bling-bling et quasi-pornographique. Sans doute sont-ils en train de parler d’autre
chose. Ils parlent ouvertement de séduction sur le tapis rouge, commentant la
vidéo d’un mur attaqué à la masse, dont la surface blanche unie révèle peu à
peu les briques. Il n’est pas seulement question de signaux perçus ou émis,
mais de vision et d’espérance.