Et puis ils crèvent, mais ceci est l’histoire du jour suivant. Le jour
d’avant tient ses deux anses en cercle, tels des bras invitant à la danse. Tous
les jours font cela, pourvu qu’on les ordonne en frise. L’amie dans sa boutique
aux couleurs de l’été remplit sans le moindre remord un petit agenda de l’année
1935. La reliure de cuir est coordonnée avec les murs de toile, sans doute
conviendrait-elle tout aussi bien à l’atmosphère éraillée d’un bistrot
montmartrois après potron-minet. Pas un chat dans la boutique, juste Binh-Dû et
son amie, et des éléphants-totottes.
Au fond de l’autocar, des enfants piaillent comme une nichée d’oiseaux
dans un buisson. Ceci est une histoire dont l’avant et l’après sont inconnus de
tous. Il en est des mille et des cents, c’est le motif floral de l’invention
des mondes. Parfois tout s’arrange pour le mieux, le colis est de l’exacte
dimension de la boîte aux lettres, Noël fête un quatre-vingt-deuxième hiver,
les chocolats sont bien calés dans le plumier. Binh-Dû est aussi le fils d’une
femme qui écrit, les chiens ne font pas des chats, et qui s’étonne de ce que,
une chose en entraînant une autre, on lui en sache gré.