C’est le moment de vérité. Tous les VIP sont là, ne pas se louper. Une
chevillère prend l’allure d’un accessoire, oublier l’entorse en-dessous qui
proteste en coulisses. La salle est pleine d’une rumeur confortable qui lentement
décroît avec l’éclairage. Tous les yeux braqués vers le disque lumineux qui se
précise au centre de la scène...
Une heure plus tard Binh-Dû applaudit, moins fort que certains de ses
voisins, il se détend, il s’émeut, il essuie la larme avant qu’elle ne
s’épanche. Il lève aussi discrètement que possible une main quand son nom est
cité, la claque à nouveau dans l’autre quand les têtes se tournent vers la
régie. Il boit le champagne, il serre dans ses bras.
Remet son bonnet, la route est longue jusque chez lui et il ne sait
plus trop où il en est de sa pudeur. S’il convient de témoigner de la beauté,
de nommer la reconnaissance, si ce qui existe dans l’éphémère a besoin d’être
identifié plus précisément, les amitiés, les sentiments. L’amie qui l’accompagnait
ce soir, celle qui manquait. Tout ce qui demeure parfait.