mardi 4 décembre 2018

4 décembre

Prenons une échalote, n’est-elle qu’un condiment ? Le vrai sujet traiterait de la générosité, de la progressivité des apprentissages, de la mise en valeur des diversités, ce genre de choses. Dans la vapeur exhalée par les cerveaux se dessinerait une imposante architecture conceptuelle, avec ce qu’il faut toutefois d’émotions douces. Les sourires ouvriraient des lucarnes sur le ciel, il y aurait un feu de bois dans la cheminée, et du thé bien sûr, des tasses et des tasses, accompagné de pâtisseries exquises. Et une échalote.
Vulgaire, même, à sa pelure externe collerait encore un prix, en chiffre et en code barre. Mais si l’échalote était comme le mouton divin – le mouton indistinct du troupeau où se dissimulerait Dieu ? Si l’échalote était un fruit, poussant sur l’arbre de la connaissance – et on croquerait une tomate en dessert. Si la force de l’échalote venait de ce que l’équilibre secret du monde reposerait sur elle, pauvres de nous. Binh-Dû s’en mord la langue. Moins il parlera, moins il dira de bêtises. Moins il s’éloignera du vrai sujet.