Tu te
réveilles et tu ne sais pas où tu es. Dans ton lit, certes, mais où est ton
lit ? Les quartz du réveil sont éteints, n’indiquent aucun ajustement
d’emploi du temps pour la journée et pourtant rien ne sera plus comme avant.
Fait-il jour seulement ? Le volet est baissé, tu appuies sur
l’interrupteur en vain. Pour faire entrer un peu de lumière – oui, il fait jour
– tu dois ouvrir la porte donnant sur la cuisine, laquelle donne sur le balcon.
Il fait froid. Plus longtemps tu laisseras entrer la lumière, plus tu sentiras
le froid. Tu ne peux pas faire bouillir de l’eau pour un thé. Tu ne peux pas
prendre une douche chaude. Tu peux t’habiller mais cela ne suffira pas. Faire
circuler le sang, mais jusqu’à quand ? Plus de musique, plus de
télévision, les batteries de ton ordinateur et de ton téléphone se déchargent
inexorablement. Tu peux encore manger du miel sur du pain. Tu ne sais
absolument pas quoi faire. Il est
encore trop tôt dans l’hypothèse du désastre pour que tu fracasses ton volet à
coups de marteau, au moins y voir clair. Les vitres sont recouvertes de
gouttelettes d’humidité, à l’époque on appelait cela de la buée. Dehors il n’y
a personne. Tu ne peux pas rester chez toi inactif, tu ne vas tout de même pas
te recoucher. Tu pourrais peut-être te rendre au centre commercial, bien que
ton réfrigérateur soit en train de dégivrer ? Il y a peut-être encore du
chauffage dans les bâtiments publics ?