vendredi 14 décembre 2018
14 décembre
Le ciel se délite en eau, Binh-Dû n’est pas au mieux de sa forme –
liquide ? Imbibée ? Il s’imagine alcoolique, ce n’est pas une
transposition si acrobatique (encore faudrait-il qu’il aime et vomisse le goût
de l’alcool, qu’il ne craigne pas de mourir prématurément et qu’il soit
dispendieux). Les abeilles quant à elles s’effondrent dans un coma néonicotinoïdique
et crèvent pour que des millions de sapins calibrés encombrent nos intérieurs
et fassent rêver les enfants. Rêve, paillasse, c’est toujours ça de pris sur
l’avenir, et tu bêtifieras mieux à l’heure de ta mort. Chez Binh-Dû, pas de
sapin, pas d’enfant, et un certain niveau d’intelligence requis. Pour en faire
quoi ? Il a l’idée de livres pénibles à écrire et que personne n’aurait
envie de lire, à moins d’être dangereusement dépressif. Il cherche des titres
rigolos, en anglais ça claque mieux, « Life on Earth since
Chernobyl » ; « The Pre-Apocalyptic Generation », mais en
français parfois ça s’impose, « Johnny, Jean-d’O et Marine – gloire d’une
nation fasciste ». À la pensée de devoir dissiper les malentendus –
prouver qu’il est capable de chanter « Je te promets » au karaoké
sans lire les paroles ? – oh, comme il aimerait aimer et être aimé
d’amour...