Car Binh-Dû est en avance sur l’avenir, souvent cela le damne au sol. Il
se trouve aussi au ras du passé, ce qui pourrait expliquer l’insistance hébétée
de certains de ses comportements – et des explications, on lui en demanderait
si l’on n’anticipait pas de sa part une dérobade. Vu de l’extérieur, il semble
flotter dans une sorte de capsule autonome affranchie des raisons du passé, du futur et de la pesanteur. Au jeu des métaphores oxymoriques il serait noyau
de résistance résignée ou nuage d’espérance inconsidérée.
Le réel est plus pressant, surtout à l’approche des fêtes dans les
grands magasins. Cassandre ne souffrait sans doute pas tant de n’être pas crue
que d’être seule à savoir – la nuance est d’importance. D’ailleurs, tenait-elle
vraiment à convaincre ? Binh-Dû est invité à creuser le sable devant lui,
la croûte superficielle a séché, ce n’est pas aussi facile que cela en a
l’air ; il brise une mince plaque de bitume, vestige archéologique récent ; enfin il déterre un coffre. Rempli de livres et de fruits
momifiés.