mardi 18 décembre 2018

18 décembre


Binh-Dû marche dans la forêt, il ne s’y passe pas grand-chose d’autre. On y est comme dans une maison froide, à bonne distance du ciel. S’il n’y avait plus de ciel, ce serait pareil. Les animaux aussi ont été retirés, ainsi que les feuilles sur les arbres caducs. Nul oiseau ne chante, pourtant ce serait joli. Son appel égaierait l’atmosphère. Parfois ça grimpe, parfois ça descend, le cœur bat plus ou moins vite, la respiration de concert. Rien de très remarquable au demeurant. Il faudrait une présence autre pour remarquer quoi que ce soit.
Au même instant ou à peu près, dans la rue où se trouve la maison de Binh-Dû, un oiseau très mélodieux lance son chant depuis l’un des deux arbres encore touffus. Il se pourrait même qu’il y ait un oiseau par arbre. L’an passé à la même date ils avaient tous disparu, non ? Les souvenirs sont des hallucinations temporelles, à chaque fois que l’un d’eux se constitue le temps s’arrête et avec lui une part de soi, en attente, et un beau jour, peut-être des décennies plus tard, on croit pouvoir reprendre le cours de cette part figée. Plus sage serait de s’en défendre.