mardi 25 septembre 2018

25 septembre


Binh-Dû use des métaphores comme d’un tison dans le feu. La flambée est passée, il ne reste que des bûches largement consumées. On dirait des os rongés par le milieu, et ce serait même la métonymie d’un mâchage en règle, vorace. Par association, des centaines de souris cavaleraient au grenier, fuyant par le toit, leurs pattes produisant le staccato d’une averse impossible – à moins qu’il n’y ait plus de toit. Dans la pièce à vivre, tous lèveraient les yeux vers les poutres. Que fallait-il donc quitter ? Sommes-nous encore sur terre ou déjà en voyage, seuls au monde ? Et d’abord, combien sommes-nous, Binh-Dû n’est-il pas tout seul face à l’âtre ? Il se permet de faire durer le plaisir, ou la douleur qui est une facette voisine du plaisir. Dans la pièce d’à côté – s’il y en a une – son jumeau abruti  se morfond, il ne sait pas quoi faire de ses mains. Il a froid, tandis que Binh-Dû présente tantôt son profil gauche tantôt son profil droit à la chaleur qui émane des braises. Les flammes sont une lisière confiante. La paresse n’est pas loin, voire l’endormissement. Au bout de la pique remuent des souvenirs charnels, des galaxies infinies, cela pourrait se prolonger infiniment. Binh-Dû face à l’être est un homme qui préfère recourir aux visions aveuglantes.