Chaque jour la pluie se déverse à tonneaux passé midi, manque la
moiteur des Tropiques. Manque l’excès, dans le cube rien ne s’infiltre, hormis
un crépitement sur les tuiles du toit. L’horoscope prévoyait du bonheur. Une
fois que cela commence on ne sait pas précisément quand cela cessera, mais au
matin le sol à nouveau sera sec.
Binh-Dû certaines nuits est allergique à sa respiration. Il entend la
pluie à l’extérieur, sans la confondre avec son cœur, et des images lui
viennent d’un chien noyé dans son propre sang. Il rêve qu’il se meurt de soif
et de douleur sous le pont d’un fleuve, et qu’une amante maternelle va lui
chercher du thé dans un hôtel de luxe.
Cela ne dure que le temps de la crise, son dos ne le lance plus quand
il parvient à se lever. Les moutons de poussière n’ont pas bougé, ils sont
paisiblement alignés là où il ne met jamais le pied. Le bonheur du monde est
encore à venir. Les incertitudes attendent la cadence qui les mettra en branle,
le thé comble des alvéoles.