Dans un théâtre, en bas des gradins aux sièges rabattus, en pleine
lumière se trame une histoire. Seuls les protagonistes sont présents. Et ils
ignorent encore ce que racontera leur présence quand, deux ou trois mois plus
tard, la salle sera éclairée elle aussi a
giorno et qu’un brouhaha enjoué se mêlera au claquement des sièges.
L’étoile déploie ses membres. Ses esprits fusionnent. Elle se
désolidarise pour mieux s’étirer, un corps autonome se contorsionne, puis un
autre, la danse ne cessera pas après la danse. Les pieds seront reconnaissants
de se marcher dessus. Les mains supineront au sol, au ciel, puiseront bas la
dissémination des poussières.
Le miracle réside dans l’attention. Que se passe-t-il à l’intérieur qui
trouve forme à l’extérieur, quel mystère est-il à l’œuvre pour que ce geste-ci,
cette expression-là, ce déplacement de son et d’air soient si parfaits ?
Comment n’en pas rester abasourdi ? La réponse est simple, tranche
Binh-Dû, il suffit de se glisser au sein du passage.