samedi 22 septembre 2018

22 septembre

Il y a vraiment des gens sur ce piteux cercle de l’enfer qui font chauffer de l’huile et brûler de l’essence pendant des heures chaque jour pour avancer à peine plus vite que s’ils traversaient Paris à pied ? Chaque jour, et ils appellent cela « se rendre à son travail » ? (Ou en revenir, ce qui n’est pas moins une reddition tant le cycle de répétition semble devoir durer jusqu’à ce que mort s’ensuive.) Poumons cramés, neurones bousillés à force de tourner sur eux-mêmes. Il y en a même pour qui ce piétinement sur pneumatiques est un aspect du travail en soi ?
Binh-Dû a beau jeu de faire le malin, de prétendre à la candeur. Il ne rentre dans le cercle que les trente-six du mois. Ou il s’engouffre dans les sous-sols (porte des enfers plus évidente), et là aussi il peste – contre l’abrutissement et les émanations toxiques. Il ne vit jamais que dans un pays riche. Il se permet de sourire aux migrants harassés qui errent là où on les a relégués. Jusque sur les talus du périphérique. Lui, il quitte l’autoroute avant d’atteindre les avions, il longe la prison et ses barbelés couverts de détritus, il va admirer des danseurs en spirale.