samedi 8 septembre 2018

8 septembre

La pluie attend que Binh-Dû pose le pied dehors pour se mettre à tomber. Tel un chien qui tourne en rond dans l’entrée, la queue battant les murs, tandis que son maître, lentement, interminablement, décroche son manteau de la patère, se saisit de la laisse et des clefs, vérifie qu’il n’a rien oublié, s’agenouille pour lacer ses chaussures – maudit clebs, on y va, j’ai compris, inutile de me bousculer ! Il y a toujours la crainte que le chien pisse dans l’escalier, un jour peut-être et ce sera mauvais signe, ultime rappel de ses années de chiot.
La pluie tombe de plus en plus dru mais c’est toujours l’été, il y a un point d’honneur à la recevoir tête haute, voire à renverser le visage et forcer un sourire. Son goût se mêle à celui de la peau. Un jour prochain, le geste révolutionnaire consistera à ouvrir la main vers le fruit mûr pendant de l’arbre plutôt qu’à serrer le poing – les arbres des villes portent-ils seulement des fruits ? Le chien s’enivre à présent des odeurs d’humus qui s’élèvent du sol. Toi, oui toi, l’homme ! Lâche la tête. Sois comme le chien. Alors affluera le sang de tes désirs.