jeudi 20 septembre 2018

20 septembre


Un break doté de sa vignette se gare soigneusement dans la place délimitée par le marquage au sol. En sort un homme jeune encore, qui se dirige d’un pas mesuré vers l’horodateur afin de s’acquitter de sa taxe. Tout est normal, la portière s’ouvre à présent côté passager et une femme pose le pied sur la chaussée, s’extrait à son tour du véhicule, attend. Elle a claqué de bon aloi sa portière. Il semble évident que ces deux-là sont mariés. Ils comptent bien avoir des enfants. L’homme est revenu à sa voiture, il ouvre le coffre, y récupère deux sacs en plastique renforcé, marqués du logo d’une firme d’articles de sport. La femme attend à son côté, elle jette un regard furtif alentour. L’homme referme le coffre, fait biper le verrouillage centralisé, s’engage sur le trottoir. La femme le suit.
Se peut-il que quiconque aspire à telle obéissance ? Non seulement celle de la femme en retrait de son homme, mais celle du couple inséré dans son conformisme social. Même le silence est dévoyé. Loin d’ici, une autre femme jeune est tiraillée entre son instinct de rébellion et son désir de construction. Avec elle, le silence est toujours bruissant d’intelligence. Ses questionnements et ses doutes lui mènent la vie dure, elle est tentée de se déterminer en fonction de ce qu’elle serait censée faire. Mais qui pour savoir ? Et au prix de quelle domestication ?
Il arrive que la plus adéquate des réponses provisoires consiste à se ranger bien parallèle au trottoir, et à rentrer chez soi, en silence.